5ème lettre : d'Emilie à Aurélien
Aurélien,
Ne t'inquiètes pas, je pense être en sécurité. Lis plutôt cela; c'est une nouvelle lettre de mes parents qui devrait t'émouvoir encore plus ...
Marguerite,
Ma chère, je dois te le dire, hier, je suis parti.
Je sais, je t'abandonne, je devais m'en aller.
Mon cœur meurt pensant que je ne t'embrasserai plus,
Mes yeux pleurent à l'idée que je ne te verrai plus.
Lis cette lettre, écoute-moi, comprends-moi, pardonne-moi
Je ne pouvais pas rester aussi près de toi.
J'ai dû partir, je le regrette, mais lis ces mots :
Que je t'aime, ton sourire merveilleux, le plus beau,
J'aime vraiment tout chez toi : tes yeux bleus, ta douce voix,
Jamais je ne m'ennuie lorsque je pense à toi.
Tous les jours, en sanglots, je t'appelle : tu me manques.
Toutes les nuits, en sanglots, je te touche : tu me manques.
Je me sens mal comme si ma vie allait s'éteindre,
Je regrette d'enchaîner mon cœur si loin du tien.
Tu seras la colère, je serai le coupable,
Tu seras la colère, je serai comme le diable
Tu me le reprocheras, tu me détesteras,
O Dieu ! Je n'ose y croire ! Quel malheur ! Qu'ai-je donc fait ?
Quelle idée criminelle que de t'abandonner !
J'ai pour cela du faire de superflus efforts,
J'ai pensé, avec regrets, encore et encore :
Je ne te verrai plus ! J'ai fui, je t'ai perdue !
Et voilà, ma lettre est un douloureux adieu,
Nous ne nous reverrons qu'au Paradis, qu'aux cieux.
Mais c'était nécessaire, j'ai un désir sincère,
Qu'en des jours meilleurs notre enfant ouvre les yeux.
Ton Georges
Dire que mon père est mort à la guerre dans l'espoir de me protéger ... J'en ai des frissons et les larmes aux yeux.
Emilie, qui t'aime